Musée de la Tapisserie Dom Robert à Sorèze
20 novembre 2022
Nous étions 22 ce 20 novembre 2022 à profiter des derniers rayons de soleil pour partir à la découverte du Musée Dom Robert à Sorèze et du Musée du Cuivre à Durfort.
Le Musée Dom Robert et de la tapisserie du XXe siècle, ouvert depuis 2015, est installé au sein de l’Abbaye-école de Sorèze.
Avant de gravir les marches pour atteindre le musée, nous nous sommes arrêtés quelques instants dans ce qui fut la prestigieuse Ecole royale militaire de Sorèze. De nombreuses personnalités ont fréquenté ses bancs : écrivains, académiciens, scientifiques, militaires, artistes, de Jean Mistler à Claude Nougaro en passant par Pierre Jonqueres d’Oriola ou les frères Caffarelli.
Après cette courte visite nous sommes enfin rentrés dans le monde merveilleux et coloré de Dom Robert, véritable promenade magnifiant la faune et la flore de la montagne noire.
Entré en 1930 à l'abbaye d'En Calcat, il ne cessera tout au long de sa vie de célébrer la nature et d'en restituer la beauté radieuse dans son art. D'abord aquarelliste et enlumineur de talent, il découvre la tapisserie en 1941 sous l'impulsion de Jean Lurçat et s'y révèle plus inspiré que jamais, avec notamment sa trilogie inaugurale L'Été (1941), Le Printemps (1942), L'Automne (1943).
Dom Robert a centré toute son œuvre sur la nature telle qu'elle est sortie des mains du Créateur : les chevaux, les fleurs, les poules, les paons, les herbes, les canards.
La visite permet de comprendre le processus de création d’une tapisserie – du dessin préparatoire à l’œuvre achevée - en passant par la réalisation du carton numéroté. Ainsi le musée expose les aquarelles de départ, les cartons numérotés qui donneront ces magnifiques tapisseries pleines de couleurs et de vie, tissées à Aubusson.
Malheureusement nous n’avons pas pu contempler à loisir cette farandole de couleurs car il était temps de partir à notre prochain rendez-vous, le musée du cuivre à Durfort, où nous attendait notre très sympathique guide William, haut en couleurs, enfant du pays passionné, à la verve et à l’humour inimitable !
Ce musée retrace l’histoire du village artisanal de Durfort au bord du Sor. Le village pittoresque est caractérisé par des rues bordées par des maisons à colombages et en encorbellement et où, au milieu, coule un ruisseau qui permettait aux chaudronniers de rincer l’acide chlorhydrique utilisé pour nettoyer les objets en cuivre.
5 siècles de savoir-faire, sauvegardés par les artisans, transmis de père en fils, sont arrivés jusqu’à nous et risquent aujourd’hui de disparaitre (il ne reste plus qu’un seul chaudronnier !). C’est pourquoi, grâce à une exposition de vieux objets traditionnels, nous y avons découvert la vie de nos parents et aïeux.
Chaudrons, marmites, tourtières, turbotières, daubière, poissonnières… des formes connus mais des modes de fonctionnement oubliés ! William nous présenta aussi les lessiveuses et l’histoire de la lessive de printemps, réalisée à la cendre de bois, dont l’évolution sera étroitement liée à celle de l’hygiène. Il nous présenta aussi un petit alambic fabriqué à Durfort par l’un des artisans et qui permit à Revel de faire son renom avec la distillation du célèbre Pippermint qui n’est rien d’autre que de la liqueur de menthe poivrée que l’on trouve en abondance dans ce coin du Tarn.
La plupart des ustensiles (bassine à confiture, casseroles, chaudrons, etc.) font appel à deux types de métiers : le martineur et le chaudronnier. Le martineur travaille à partir d’une pastelle, objet provenant de la fonte de vieux objets en cuivre, dans des bâtisses appelées « martinets » situées le long du Sor ; quant au chaudronnier, il exerce son métier dans un atelier au village.
Le travail était rude. Les martineurs maniaient le cuivre sans équipement de sécurité. Pour éviter la chaleur du cuivre en fusion ils enroulaient autour de leurs pieds des sacs de pomme de terre qu’ils trempaient dans de la boue d’argile.
Nous avons suivi la fabrication d’un chaudron en cuivre grâce à une vidéo sur le martinet, énorme marteau pilon mû par la force de la rivière, un peu plus de 2 coups à la seconde pour 1 tonne et demie de frappe ; le cuivre chauffé à 800°C prend forme dans les mains expertes d’un maître martineur, et donne naissance sous nos yeux à un chaudron, objet indispensable à nos parents dans leur vie de tous les jours.
Une autre vidéo nous montre les différentes techniques utilisées au village pour fabriquer des objets en cuivre à partir de feuilles. Rétreinte, tour à repousser, soudure, brasure et ciselage d’objets décoratifs, les chaudronniers nous laissent émerveillés par leur dextérité.
Grâce aux connaissances et anecdotes de notre excellent guide nous avons compris pourquoi nous n’utilisons plus le cuivre, la différence entre le cuivre rouge et le cuivre jaune et entre le cuivre culinaire et décoratif. Pour finir, William nous a donné la meilleure recette d’entretien de nos cuivres !
C’est à la nuit tombée que nous avons regagné Roquettes les yeux emplis des lumières des tapisseries de Dom Robert et riches de connaissances sur l’industrie du cuivre.
Colette