Visite de Montauban, avril 2023
16 avril 2023
Quelle belle sortie que cette visite de Montauban !
Sous un soleil printanier mais frisquet, nous étions 26 Arcépiens à rejoindre notre sympathique guide Irène avec qui nous avons passé une journée exquise. Elle nous attendait sur la place Pénélope, au pied de l’office de tourisme, un ancien collète jésuite du 17e siècle, pour nous faire visiter « la plus rose des villes roses ». D’entrée le ton est donné !
Montauban : Monte Albanus (mont blanc en occitan) en référence aux saules argenté présents sur le site, est fondée par Alphonse Jourdain comte de Toulouse en 1144, sur un plateau dominant le confluent du Tarn, du Tescou et du ruisseau Lagarrigue.
Mais revenons à la place Pénélope qui doit son nom à une très grande statue, œuvre du sculpteur Antoine Bourdelle, natif de la ville ; Pénélope, épouse d'Ulysse dans la mythologie grecque, est réalisée en 1905. Elle emprunte les traits de Stéphanie Van Parys épouse de Bourdelle pour le visage et la silhouette de Cléopâtre Sévastos, l’élève préférée de Bourdelle. Une autre statue attire notre regard ! c’est Napoléon Bonaparte représenté ici, au bas de l’allée de l’Empereur. L'œuvre a été réalisée par le sculpteur Emmanuel Michel pour rendre hommage à Napoléon Bonaparte qui créa en 1808, à la demande des Montalbanais, le département du Tarn-et-Garonne avec pour préfecture Montauban alors que jusque-là Montauban n’était qu’un chef-lieu du Quercy.
En route pour la cathédrale Notre-Dame, certaines d’entre nous ont leur attention détournée par les nombreuses boutiques de mode qui bordent les rues... et ont du mal à suivre le groupe !
La cathédrale, édifiée au point culminant de la ville au lendemain des Guerres de Religion, frappe par la blancheur de ses murs au milieu des briques rose de la ville. Nous n’avons pas pu y pénétrer car la construction d’un parking en sous-sol de la place a quelque peu ébranlé l’édifice. Dommage ! Car elle possède en son sein un très beau tableau « Le vœu de Louis XIII » une œuvre majeure d’Ingres.
Il est temps de nous diriger vers la Place Nationale, autrefois Place Royale puis Place de la Révolution. Haut lieu de la vie publique, elle a longtemps abrité les pouvoirs municipaux (maison consulaire et judiciaire (pilori). Le pilori se trouvait devant le couvert ouest. Il a été remplacé en 1792 par une croix de bois. Aujourd’hui ne demeure que sa fonction marchande qui, depuis près de neuf siècles, constitue sa véritable raison d’être. On reste impressionné par la beauté de cette place avec sa double rangée de couverts, ses belles façades régulières en brique rouge avec décor à pilastres. La dernière restauration remonte aux années 2020/2021 avec la mise en place d’un miroir d’eau qui la rend encore plus belle.
Place Pénélope, la cathédrale, le "miroir d'eau" de la Place Nationale
Un coup d’œil à la façade du théâtre Olympe de Gouges native de Montauban, féministe avant l’heure, à qui nous devons « La déclaration des droits de la femme et de la citoyenne ». Elle fut guillotinée en 1793.
Une halte s’imposait devant l’église Saint Jacques bâtie au XIIIème siècle, c’est le plus ancien monument de la ville. On peut voir, sur les côtés nord et ouest de la tour qui supportent le clocher (refait à l’identique en 1740), la trace des boulets tirés par l’armée de Louis XIII lors du siège de 1621.
La légende raconte que les habitants de la ville, en majorité protestante, étaient en train de festoyer lorsque les boulets se sont abattus sur la ville. C'est de là que proviendrait l'expression « faire les quatre cents coups », qui signifie donc « aller contre le sens moral et les convenances ».
Après ce tour de ville mené de main de maitre par Irène, il était temps de se sustenter, et pour ce faire nous avons emprunté la promenade du bord du Tarn qui nous a amenés au restaurant « Les Lansquenets » où nous attendait un succulent repas.
Notre 2ème rendez-vous de la journée, toujours avec Irène, se situait au musée Ingres installé dans le palais épiscopal érigé en même temps que la cathédrale au 17e siècle. Ce palais a gardé un impressionnant escalier monumental en pierre donnant accès à la chapelle et aux appartements privés de l’évêque tandis qu’un escalier de briques et bois donnait accès aux communs.
La visite du musée Ingres pouvait alors commencer.
Né à Montauban en 1780, Ingres a fait ses premiers pas aux côtés d’un père sculpteur et gypséiste, qui favorisa son entrée à l’Académie de Toulouse puis encouragea son fils à « monter » à Paris où il intègrera l’atelier de Jacques-Louis David, le plus grand peintre néoclassique de l’époque. Le jeune homme obtient le Prix de Rome en 1801. L’œuvre d’Ingres est immense, plus portée sur les nus féminins, mais ce sont les scènes mythologiques et d’histoire et les portraits qui firent sa renommée.
Ingres, tout à son art dans le rendu des courbes, ne suivait pas trop la rigueur anatomique : « la Grande Odalisque » fut énormément critiquée faisant dire qu’elle possédait 2 vertèbres de trop ! De même, dès qu’on approche de son tableau « Roger sauvant Angélique » on est surpris de voir la douce Angélique présentant un goitre ! Là aussi, les critiques d’art ne manquèrent pas de mal juger l’œuvre allant jusqu’à surnommer le tableau « Angélique la goitreuse » ou « Angélique aux trois seins » !
Cependant, Ingres réalise d’admirables portraits, dont celui de « Madame Gonse » conservé au musée. On se rend compte, dans ce portrait, de sa virtuosité et de sa maîtrise du détail, du rendu d’une étoffe ou d’un bijou qui nous enchantèrent. Sans héritier, Ingres lègue à la ville de Montauban le contenu de son atelier d’artiste, soit plus de 4500 dessins, une vingtaine de tableaux, son fonds documentaire et de nombreux objets personnels, dont son fameux violon.
L’expression « un violon d’Ingres » est employée pour décrire « une activité à laquelle on aime se consacrer en dehors de sa profession ». Ingres aimait dédier ses heures libres à la pratique de la musique. Il jouait tant, et si bien, qu’il devint même deuxième violon à l’orchestre du Capitole de Toulouse !
Quelques oeuvres célèbres de Ingres : la "Grande Odalisque, le portrait de Mme Gonse, le violon,
et 2 bustes de Bourdelle : le baiser, Beethoven.
Nous n’avons pas pu admirer les 4500 dessins exposés au musée car il nous restait à découvrir les œuvres d’un autre enfant de la ville, celle du sculpteur Antoine Bourdelle. Né en 1860 à Montauban, lui aussi intégra l’école des Beaux-Arts de Toulouse grâce à son instituteur qui, découvrant son talent, le laissait dessiner au fond de la classe. Avec sa 1ère sculpture « le Baiser » il put obtenir une bourse qui lui permit d’intégrer l’atelier de Falguières à Paris. Il fut aussi élève de Rodin.
Le musée possède quatre-vingt-dix dessins et aquarelles et plus de soixante-dix sculptures : bustes de Beethoven, de Rodin et autres célébrités, œuvres tirées de la mythologie grecque. Il participe aussi au projet de construction du théâtre des Champs-Elysées. Il s'occupe de la décoration intérieure et extérieure de ce temple dédié aux arts où Il mêlera sculptures, bas-reliefs et, pour la première fois dans toute l'Histoire, des fresques directement appliquées sur du béton armé.
Nous quittons à regret Irène et son incroyable savoir, qui nous a ravis et enchantés tout au long de cette journée, grâce à son professionnalisme et à l’étendue de ses connaissances.
Merci à Sylviane d’avoir organisé cette belle journée !
Colette