Saint-Cirq-Lapopie
13 juin 2021
Enfin ! Qu’il fut grand notre plaisir de se retrouver après ces longs mois de confinement ! Quelle joie de pouvoir partager nos émotions devant tant de beauté même si, quelquefois, il fallut peiner pour accéder au « Graal » !
Après quelques hésitations sur le lieu d’embarquement, nous voilà, 33 Arcépiens, « embarqués » sur une « gabarre des temps modernes pour naviguer sur le Lot. Dès l’embarquement, Saint-Cirq Lapopie, installé sur son rocher dit « en forme de mamelle » (la popa en Occitan) qui donne une partie de son nom au village, s’offre à nous. Au fil de l’eau, nous découvrons les moulins, les écluses qui rendent la navigation possible.
Aujourd’hui, sur 27 écluses, une seule est électrifiée à Cahors ! c’est à la force du poignet de Lucas et Guillaume que nous pourrons les franchir. Avec l’avènement du chemin de fer, le Lot fut déclassé comme rivière navigable et réaménagé pour la navigation de plaisance depuis 1990. Au passage, nous observons les « châteaux des anglais », nichés dans la falaise, à peine visibles, mais qui occupaient un point de vue stratégique pour avertir de l’arrivée des ennemis du moment. C’est à Bouziès, au bord du Lot et à l’ombre d’immenses parasols, que nous avons pu savourer le bienvenue et convivial apéro habituel. Après ce petit intermède nécessaire à la reconstitution de notre énergie, c’est avec entrain que nous avons emprunté le fameux chemin de halage creusé dans le roc par l’homme, à la barre de fer et à la pioche, en 1845.
Le chemin de halage était utilisé par les chevaux afin de permettre aux gabarres ou bateaux à fond plat, de remonter les courants chargés de marchandises locales en direction de Bordeaux : vins de Cahors, noix, safran, et également les productions des tourneurs sur bois, plus précisément des robinets de tonneaux à vin appelés « Douzil » en occitan.
La balade est agréable, bien ombragée, heureusement, car le soleil est de plomb. Au passage nous admirons le bas-relief dans le flanc creusé du chemin de halage qui est l’œuvre de Daniel Monnié, artiste toulousain. Il y présente à sa manière l'environnement de la rivière, de sa faune, sa flore et ses fossiles.
Enfin, il nous reste à conquérir l’accès au village !
Après une montée très difficile sur un chemin escarpé, nous arrivons sur la place ensoleillée du Sombral où nous attend Claire, notre guide. De là, nous apercevons les vestiges des 3 châteaux des dynasties féodales, les Lapopie, les Gourdon et les Cardaillac, coseigneurs des lieux.
Claire nous apprend que Saint-Cirq ou Cyr tient son nom du premier enfant martyrisé, il avait 5 ans, avec sa mère Sainte Juliit ou Juliette à qui est dédiée l’église de Saint-Cirq. Celle-ci conserve les vestiges de son décor sculpté à feuilles d'acanthes du XIIème siècle, ainsi que des fragments de peinture murales du XIIIème. Près du portail, au pied du clocher fortifié, est conservée l'une des mesures de pierre qui règlementait la vente des grains sur le marché.
A la suite de Claire, nous déambulons dans les rues du village aux noms significatifs des artisans peaussiers de la rue de la Pélissaria, chaudronniers de la rue de la Peyrolerie et surtout tourneurs sur bois ou roubinetaïres. Ces rues sont bordées de nombreuses maisons anciennes, dont les façades en pierres ou à pans de bois datent pour la plupart du XIIIe au XVIe siècles et sont caractérisées par leurs toits de tuiles plates, à fortes pentes.
Une très belle demeure du XIIIe siècle attire notre attention. C’est la maison Daura. Pierre Daura, artiste peintre catalan, y vécut de 1930 à 1939 et y séjourna tous les étés jusqu’à sa mort en 1976. Il s'inspira du havre de paix du petit village médiéval lotois qui lui était particulièrement attaché. Il y accueillit de nombreux artistes dont Henri Martin, le peintre post impressionniste toulousain. Il se lia d'amitié avec son voisin André Breton, écrivain et chef de file du mouvement surréaliste. Aujourd’hui, la Maison Daura est un centre de recherche et d’innovation artistiques pour toutes les disciplines.
En poursuivant notre périple, nous arrivons devant l’auberge des mariniers qui fut la maison d’André Breton. Caractérisée par l’association d’un logis et d’une tour, cette maison-forte aux fenêtres gothiques est représentative des maisons de chevaliers qui surplombaient la vallée, près du fort. Cette maison est la plus ancienne du village, elle date du XIIIe siècle et sa tour du XIIe siècle.
André Breton y passa tous les étés de 1950 jusqu’à sa mort en 1966. Le poète décrit sa rencontre avec Saint-Cirq ainsi :
« Saint-Cirq embrasé aux feux de Bengale m’est apparue comme une rose impossible dans la nuit. Tombé sous le charme de la cité, il écrira cette phrase devenue célèbre « J’ai cessé de me désirer ailleurs ».
Nous aussi, nous sommes restés sous le charme de ce village ! Mais il fallait bien rentrer à Roquettes et c’est avec regret que nous avons quitté Saint-Cirq et Claire, notre sympathique guide.
Merci à Nicole et Bernard pour l’organisation de cette super sortie !
Colette