L'église
La localité de Roquettes n’existe que depuis le XVIe siècle au plus tôt et son nom paraît dû à un essaimage, sur la rive opposée de la Garonne, de la population de Roques située en face sur la rive gauche, elle-même habitée depuis le Xe siècle au moins.
C’est au XVIIe siècle que les Chartreux acquièrent à Roquettes un important domaine qui en fait les seigneurs du lieu, succédant à la famille toulousaine d’Olmières. Ils possédaient alors 145 arpents (environ 72 hectares) répartis entre les trois métairies de Mailles, Borde Grosse, Le Sarret et le moulin. Ces biens resteront propriété des frères jusqu’à la Constitution Civile du Clergé en 1790 avant d’en être chassés. Alors que la loi exige la vente comme biens nationaux de tout ce qui était en possession de l’église, l’édifice fut rendu au culte avec tout son mobilier dont le fameux retable du XVIIe siècle.
L’église de Roquettes se bornait alors à une salle rectangulaire bâtie de lits alternés de briques et de galets, couverte d’une charpente avec un chevet plat et à l’opposé un petit clocher-mur avec une sacristie rectangulaire accolée au côté sud du chœur. En 1839, la municipalité décide de modifier l’édifice. Pour 1306 francs, monsieur Jourdan, maçon à Roques, prolonge la nef côté ouest, entreprend la démolition du clocher existant et son remplacement par un clocher-mur haut de 15 m. ajouré de 2 baies jumelles en plein cintre, et enfin la construction d’une tribune au revers de la nouvelle façade. En 1842, le plafond du chœur est refait en cul de four. En 1851, une seconde sacristie est bâtie (démolie dans le 1er quart de siècle) symétrique de la première qui donne à l’édifice la forme d’un T. Il est prévu la réfection de la façade, munie d’un portail surmonté de 3 baies, l’achèvement du clocher, le remplacement du plafond par une voûte en plâtre et l’ouverture de trois fenêtres sur chaque côté de la nef et d’une autre au fond du chœur. A une date postérieure le portail de la façade a été muré et une nouvelle entrée ouverte sur le côté nord, sous la tribune, ainsi que fut construite une chapelle rectangulaire dédiée à la Sainte Vierge en prolongement de la sacristie méridionale.
En 1852 sont posés aux fenêtres par Louis Victor Gesta, des vitraux représentant St jean l’Evangéliste, le Bon Pasteur et la Vierge Marie. Dans la chapelle les vitraux représentent la Sainte Vierge et sans doute sainte Catherine de Sienne.
A l’entrée on peut admirer le bénitier en marbre rouge de Caunes-Minervois. Le marbre de Caunes, connu dès la période romaine, a fourni chapiteaux et colonnes préromanes de la très belle abbaye cistercienne de Fontfroide.
Dans le chœur on peut voir deux tableaux anonymes figurant Saint Bruno (patron de l’église) et sainte Catherine de Sienne.
Au-dessus du maître-autel en marbre rose, le retable en bois doré à la feuille d’or est en place depuis 1780.
Le décor intérieur n’est pas très ancien. Il est dû à l’abbé Joseph Colombe, curé de Saubens et desservant Roquettes. Arrivé jeune, c’est certainement dans les premières années du siècle dernier qu’il prit la décision de "rafraîchir " l’intérieur de l’église. C’est avec des pochoirs (que la mairie de Saubens a longtemps conservés) qu’ont été faites les frises à motifs géométriques, les guirlandes et les sujets bibliques, sur fond bleu ; ces décorations ont été restaurées par Monsieur Mengual en 1988. Il est intéressant de noter que l’abbé Colombe exerça ses talents à Saubens, Pins-Justaret, mais aussi à Caraman et à l’église du Faubourg Bonnefoy à Toulouse. Des décors similaires existent outre Pyrénées à l’abbaye cistercienne de Leon. Personnalité reconnue pour son intelligence, il exerça son ministère pendant 56 années (de 1907 à 1963 date de sa mort).
Sur la tribune est installé un petit orgue mécanique de 2 jeux dans un buffet de sapin non signé. On pourrait dater cet orgue des années 1875- 1880. La facture est du XIXe siècle. Il fut restauré par Etienne Fous et inauguré en octobre 1982 par Philippe Bachet. Il a été à nouveau restauré au printemps 2001. Il se trouve dans une armoire munie d’un volet et est constitué d’un seul clavier à 54 notes.
A l’extérieur 2 cloches égrènent les temps civils et religieux. Elles ont été fondues en bronze, dans la deuxième moitié du XIXe siècle l’une à Toulouse sur laquelle on peut lire les noms du parrain : Alexandre d’Orgeil, de la marraine Théonie Manent et du maire : Arnaud Monna. Quant à la seconde elle fut fondue en 1851 à Villefranche de Rouergue en Aveyron. On y relève les noms suivants, parrain : Paul Manent, marraine : Marie Darolles, le nom du curé Mr Payan et du maire Mr Faure. Cette cloche est " sous la protection de saint Bruno " patron de la paroisse.
(D’après J.P.SUZZONI, janvier 1984 et l’ARCEP, avril 2000)