les Chartreux dans l'histoire locale
I - Fondation
L’ordre des chartreux fut fondé en 1084 par Saint Bruno, originaire de Cologne, assisté de 6 compagnons adeptes comme lui de la solitude et du silence.
Saint Hugues, évêque de Grenoble, les installa dans un lieu-dit « la vallée de la chartreuse », près de sa ville épiscopale.
La vocation des chartreux était la louange exclusive de Dieu. Ces moines contemplatifs recherchèrent l’isolement. L’idée nouvelle qu’ils voulurent mettre en pratique consistait à associer la vie commune des moines à l’isolement de l’ermite.
Lorsqu’il mourut en 1101, Saint Bruno ne laissa pas une règle mais des coutumes, les « Consuetudines ». Ces observances étaient essentiellement fondées sur la pénitence et la mortification extrême. Chaque chartreuse était gouvernée par un prieur, élu au scrutin secret par la communauté des moines.
II – L’implantation dans les villes
Au cours du XIVème siècle on comptait près de 200 ermitages en Europe.
D’abord les monastères furent implantés dans les régions montagneuses ou dans les campagnes isolées, puis ils furent édifiés près des villes. Cet exil vers les villes fut nécessaire en France car au cours du XVIème siècle, les chartreuses furent une proie facile lors des guerres de religion. De nombreuses églises furent pillées et leurs œuvres d’art furent livrées à l’iconoclasme intransigeant des protestants. Cette vague de destruction entraîna par la suite la reconstruction des ermitages à l’abri des grandes métropoles, ce qui fut le cas de la chartreuse de Toulouse à la fin du XVIème siècle.
III - Organisation d’une chartreuse
Dans un enclos comprenant une partie des terres mises en valeur par les frères convers, une église était flanquée de bâtiments conventuels disposés autour de 2 cloîtres. Un petit, réservé à la prière, et un grand, autour duquel s’alignaient les cellules des chartreux, qui étaient des maisonnettes, dans lesquelles les moines passaient une grande partie de leur temps, isolés de leurs voisins, qui comprenaient une chambre avec oratoire et table de travail, un atelier, un promenoir et un petit jardin personnel. Il y avait également un réfectoire, la salle capitulaire ou la bibliothèque
IV – La fondation de la chartreuse de Toulouse
La chartreuse de Saïx avait été fondée au XIVème siècle à quelques kilomètres de Castres. Elle fut attaquée le 5 octobre 1567 par les huguenots menés par Guilhot de Ferrières.. Les religieux furent contraints de s’enfuir et se réfugièrent dans un premier temps dans une de leur propriété, située à Escoussens dans la Montagne noire puis à Carcassonne dont le conseil de la ville refusa aux réfugiés de Saïx l’autorisation de s’installer dans leur cité. En 1586 le prieur fut invité à prêcher l’Avent à la cathédrale de Toulouse, il demanda aux Capitouls de se réfugier dans la capitale Languedocienne. Les capitouls acceptèrent et leur cédèrent un quartier « semi désert et mal famé » qui s’étendait de la rue des Valades (l’actuelle rue Valade) aux murs d’enceinte. C’était pour la municipalité un bon moyen d’assainir ce quartier des « coquines ».
Ils obtinrent également du pape Paul V le prieuré voisin de Saint Pierre des Cuisines.
Les travaux pour la construction du couvent débutèrent en 1602 et l’église ne fut édifiée qu’à partir de 1606. Les chartreux ont adopté un plan pour leur église qui ne se rapproche ni de la croix grecque puisque les bras du transept sont très courts, ni de la croix latine puisque le chœur réservé aux religieux est à peu près de la même longueur que la nef des fidèles. Il y eut donc un transept qui fut déterminé par la double fonction liturgique de l’église ; fonction qui justifie aussi la présence d’un maître-autel à double face à la fois pour les pères et les laïcs, placé à la croisée du transept. La disposition intérieure de la nouvelle église de Toulouse plutôt singulière pour une église de chartreux, et surtout son ouverture aux fidèles suscitèrent l’étonnement de plusieurs religieux. Cette originalité de plan fut encore soulignée par Jules de Lahondes, en 1896 : « elle avait déjà un dôme central au dessus de l’autel à double face, ainsi disposé contrairement aux règles de l’ordre, en reconnaissance des dons généreux offerts par les dames de la ville, afin qu’elles puissent assister aux offices. »
(Mémoire de maîtrise d’histoire de l’art : Stéphanie TROUVE)