ARCEP Roquettes

ARCEP Roquettes

Les croix de carrefour

Patrimoine de Roquettes, les croix de carrefour

 

Notre association s’est engagée dans une action de sauvegarde du patrimoine communal et en particulier de réhabilitation des croix de carrefour. A cet effet nous avons entrepris de restaurer les croix du Moulin et du Sarret. Ces croix ont été déposées par les  services de la mairie puis restaurées par nos soins et sablées puis repeintes par la société Prolaque. Leur remise en place a eu lieu début octobre.

Vincent Bouscatel a bien voulu, pour l’ARCEP, faire l’historique des croix de Roquettes.

 

Les croix sont considérées depuis peu comme un patrimoine à part entière, un patrimoine de proximité. Croix de chemins, mémoriales, de sources, de rogations, de processions, de mission, présence visible dans le paysage, ces édifices ont une signification presque oubliée de nos jours. Témoignage tangible de notre passé chrétien, ces monuments sont une fenêtre sur les traditions et les mentalités, vestiges d’un art populaire en extinction car non renouvelé. D’un point de vue civil ou religieux, ce patrimoine exprime, par sa nature même, le reflet fidèle de l'histoire locale.

 

Dans une société où la religion était autrefois omniprésente, la croix dans le paysage invitait à la piété. Toutefois, son symbolisme n'est pas circoncis à la chrétienté (1).

Elle est aussi un point dans l’espace avec une utilité profane (sommet ; croisement de routes ; lieu de mémoire ; …), une orientation (le haut et le bas ; la droite et la gauche ; …), voire une représentation païenne (une silhouette humaine, postée à la croisée des chemins, dont le centre de ce symbole de quaternité serait une cinquième dimension, le dedans, le lieu intérieur).

 

Ce n'est que progressivement et à partir du XIème siècle que se généralise l'image de la croix à l'intérieur des édifices et dans le paysage jusqu'au XVIIIème siècle où l'art crucifère connaît une période de sommeil. Elle invite alors à la piété. Le XIXème siècle tout entier est une période de relèvement des croix, même si elles sont généralement des oeuvres de moindre qualité. Malgré la Loi de Séparation des Eglises et de l'Etat en 1905, des nombreuses croix sont encore érigées après la première Guerre Mondiale pour fêter la fin du conflit.  

 

Roquettes possède quelques exemplaires de croix. Elles sont peu nombreuses mais elles  appartiennent intégralement à notre patrimoine communal. D'autres ont aujourd'hui disparu et seule la mémoire leur confère encore la place et la signification qu'elles avaient avant leur progressif effacement du paysage roquettois. 

 

La croix des Grands Moulins

 

 Cette croix située à l'entrée gauche de l'allée menant aux Grands Moulins repose sur une base en pierre et un socle de briques. Elevée sans doute dans la deuxième partie du XIXème siècle, cette croix de bornage en fonte indique la propriété d'un propriétaire catholique. Elle possède une ornementation qui évoque les principales cultures du terroir – le blé et la vigne – matières premières dont le meunier tire une partie de ses revenus. Régulièrement fleurie jusque dans les années 1960, elle s'est progressivement dégradée (3).

 

Avant et après restauration

 

croix grands moulins

La croix du Sarret

 

Cette croix à décor végétal tire son nom de la métairie qui – jusqu'en 1972 – se situait de l'autre côté de la route. Peu visible et enclavée – à proximité du rond-point – seul le pied en fonte, renforcé par un axe en fer il y déjà longtemps, demeure sur un socle en brique. Il s'agit d'une croix de chemin au débouché de celui qui reliait Roquettes à Pinsaguel par le quartier de Las Queumas (4). Croix de carrefour, elle indique la croisée des chemins, symbole dans les siècles passés de « peurs » à exorciser par un image divine. Même si elle ne date que de la fin du XIXème siècle, il est possible qu'elle ait remplacé une croix plus ancienne, témoin important dans le paysage.   

 

La croix du Sarret, avant et après restauration

 

croix du Sarret

Le monument aux morts

 

Croix monumentale dédiée au culte des morts, elle est de grande taille et repose sur un important piédestal entouré par quatre obus, fermée par une grille. Sa partie supérieure discoïdale supporte une croix pattée. Le monument aux morts des deux Guerres Mondiales, érigé après 1921, se situait au croisement du village, à proximité de l'église. Il a été transféré sur son emplacement actuel à la fin des années 1980.

   

La croix de La Juncasse

 

Elle se situait en bord de route, à la sortie de Roquettes en direction de Pins-Justaret, à l'emplacement du monument aux morts actuel. Nous ne possédons pas de photos de son implantation d'origine. Il s’agit vraisemblablement d’une croix de procession du XIXème siècle. Sous la conduite du prêtre, des prières étaient récitées, lors des rogations, par les jeunes du village jusqu’au années 1930. La croix était nettoyée et abondamment fleurie. Un autel était dressé, recouvert d’une nappe blanche, avec vases et chandeliers. Lors de l’agrandissement de l'aménagement du quartier en deux lotissements, vers 1980, la croix a été déplacé contre le mur du cimetière.

             

La croix de Borde Vieille (Saubens)

 

En fort mauvais état, elle se situe sur une propriété privée à la limite de la commune. Erigée sur une éminence, c'est une croix de sources : une résurgence coule à ses pieds. L'eau et les fontaines ont longtemps reçu la marque du christianisme. Des processions organisées par le curé de Saubens y avaient encore lieu dans les années 1930. Faute d’entretien, elle disparaît progressivement.

 

La croix du village

 

Aujourd'hui disparue, cette croix de carrefour de la fin du XIXème siècle était à l’origine en fonte. Elle présentait un socle carré en briques d’environ un mètre reposant sur un degré. Chaque agglomération possédait souvent une place avec une croix, fréquemment à proximité de l'église comme ici.

 

Objet d'attentions, d’autres croix ont très certainement été élevées sur le territoire de Roquettes. Nous ne connaissons aujourd’hui que les derniers vestiges de ces monuments dont le symbolisme accompagnait l’individu tout au long de sa vie. Ce patrimoine qui renvoie essentiellement à l’identité chrétienne du pays a été longtemps négligé durant plusieurs décennies, souvent considéré comme de peu d'intérêt. Victimes de l'usure du temps, des intempéries, mais le plus souvent de l'indifférence générale et du vandalisme, leur nombre actuel est en nette diminution, les derniers ateliers ayant cessé leur production dans les années 1920.

 

Vincent Bouscatel pour l’ARCEP 

 

NOTES :

 

1 : DURAND Abbé Jean ; GUIDE DES CROIX DE CHEMINS ; La Renaissance ; 1986

2 : MASCLARY Diane ; LES CROIX DE PINS-JUSTARET ET VILLATE ; in Revue du Patrimoine

Muretain ; pp 212 ; n°11 ; 2008. - HUYGHES Jean-Claude ; STELES DISCOÎDALES EN LAURAGAIS

ET CROIX DE PIERRE ; Lacour ; 2005.

3 : En 2010, alertée par l'ARCEP de son état de vétusté et d'un risque de démolition, la commune de Roquetteset l’ARCEP ont  entrepris sa restauration.

 4 : Le chemin a été rectifié lors de la construction du lotissement afin qu'il se poursuive avec celui qui va à Saubens par Borde Grosse.



03/04/2023
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