Castres & Lautrec
Escapade Castres & Lautrec
8 Mars 2020
Ils ne seront pas au rendez-vous. Nous ne verrons pas les somptueux costumes, les masques ciselés, les majestueuses parades et les lanceurs de drapeaux de Fivizzano. Le coronavirus serait-il devenu maître de nos destins ? Par crainte de ses méfaits, les festivités qui devaient être sous le signe de l’élégance et de la convivialité à l’italienne ont été annulées.
Peu importe, les Arcépiens ne s’en laisseront pas conter. Trente-huit d’entre eux ont répondu aux organisateurs qui ont réagi avec beaucoup de célérité en remplaçant un programme devenu caduque par la découverte de la ville de Castres, et ils ne vont pas le regretter.
Rendez-vous à 10 heures avec notre guide Sarah devant la Cathédrale Saint Benoît. Classé monument historique, cet édifice de style baroque est situé au centre historique de la ville, bâti à l’emplacement de l’église abbatiale fondée par les Bénédictins, détruite lors des guerres de religion, et dont il ne subsiste étonnamment de l’autre côté de la rue, que le clocher d’architecture romane. En y pénétrant on est surpris par l’imposante dimension de la nef, dallée de grès rouge, séduits aussi par la beauté du retable du maître-autel en marbre. Quatre grandes statues encadrent le chœur, l’une représente Saint-Benoît. Un filet de protection recouvre la voûte, il nous rappelle qu’un important travail de restauration a été engagé pour réparer les outrages du temps.
La cathédrale forme avec l’ancien Evêché et ses jardins "à la Française" dessinés par Le Nôtre ce que l’on peut appeler un "ensemble remarquable". Inspirés par les travaux des dames de la cour, ses motifs restent inchangés depuis l’origine. Une ceinture d’ifs taillés semble les protéger. Ce lieu de verdure apprécié des Castrais, reste un passage incontournable.
Nous poursuivons notre chemin vers la découverte de la ville et apercevons en contre-bas, au bord de l’Agoût, les très coquettes maisons des tanneurs, de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel, aujourd’hui devenues HLM. Ici les mégissiers utilisaient l’eau pour le travail des peaux, et faisaient sécher ces dernières dans les grands balcons du dernier étage.
Nous déambulons sur la grande place au sol de granit du Sidobre, où domine une statue de Jean-Jaurès, natif de Castres.
Belle rencontre avec le carillonneur. Les 34 cloches de l’Eglise Notre-Dame de la Platé n’ont cessé de sonner depuis 1847, nous dit-il. Pour nous seuls, animé par sa passion, Jean-Pierre Carme fera vivre le magnifique instrument. Les plus courageux des 38 Arcépiens qui auront auparavant grimpé les 120 marches seront récompensés lorsqu’ils domineront les toits de la ville...
Castres conserve en ses murs de sublimes hôtels particuliers du XVIIIe siècle. Trois d’entre eux sont classés monuments historiques et dévoilent de véritables trésors d’architecture. Avec le plus riche de tous, l’hôtel Jean Houlès, de style Renaissance, dont la tour d’angle et les fenêtres à croisillons restent le symbole de ce que fut la richesse de ces lieux à l’époque où le bruit des mégisseries rythmait le temps.
Tout près, la Maison du Safran, autre richesse de Castres.... Çà et là on devine les pans de bois masqués par les crépis dégradés. Quelques superbes demeures à colombages, propriétés de riches industriels ont, elles, résisté au temps.
Tout près, le restaurant "La Table du Sommelier" nous accueille pour un repas bien mérité : terrine de pied de porc confite au vin, fondant de bœuf à la mazamétaine et croustade aux pommes flambées, le tout accompagné par les vins de Gaillac, du Chateau de Balsamine, dont le restaurateur nous vante avec beaucoup d’insistance les qualités. L’ensemble fut apprécié et c’est requinqués que nous prenons la route vers le village de Lautrec.
Nous rencontrons, devant la Mairie, Lucie notre guide pour l’après-midi. Elle va se révéler particulièrement avenante et très compétente.
Nous sommes ici au cœur d’un ancien couvent sur un sol aux nombreux puits, ils seraient 940, qui transforment le lieu en véritable gruyère. Près de la porte fortifiée du village et des vestiges des remparts, on aperçoit les ouvertures des silos souterrains, autrefois destinés au stockage des réserves en cas de conflits ou de disettes. Ici, dans le quartier Caussade, ils sont creusés dans la roche sous les habitations. La cité médiévale aurait plus d’une centaine de ces excavations en forme de grosses bonbonnes à fond plat terminées par un goulot fermé par un opercule scellé avec de la paille et de l’argile. La statue de Don Quichotte, très belle œuvre contemporaine, nous domine et domine la vallée.
La visite de la Collégiale St-Remy va clôturer notre journée. Nous pénétrons dans ce qui est l’un des plus anciens édifices de la ville, érigé en 1394. Nous oublions rapidement le côté austère de l’extérieur, séduits par la beauté des peintures, dont celles de la voûte en trompe l’œil, au-dessus de l’impressionnant maître-autel en marbre de Caunes-Minervois. Nous avons une pensée pour les générations de moines qui ont usé les "miséricordes", autre sorte de "trompe l’œil", pendant les longs offices......
Le baldaquin en bois doré, le lutrin, la statue de la Vierge de Montlausin, les voûtes rappelant le décor de Sainte-Cecile d’Albi, restent autant de témoignages de la richesse du lieu saint.
C’est Place des "Belles Miches" que notre périple va se terminer.
Nous laissons à chacun des Arcépiens la liberté d’interpréter ce terme selon son imagination…mais nous sommes certains qu’une fois encore, nous aurons tous apprécié une belle journée, sans l’ombre d’une pluie, qui a estompé quelque peu notre déception de n’avoir pu "carnavaler"...
Quant au marchand d’ail, spécialité de Lautrec, il a fait un joli chiffre d’affaires...
Merci à Colette qui fut l’organisatrice de ces jolis souvenirs !
Annick Hamelain